Dans le quartier du Bois de Carcé, entre rues et impasses, un lacis de sentiers court derrière les jardins. On y croise les voisins, les aides maternelles avec leurs poussettes, les promeneurs, les écoliers qui rentrent de l’école. Un de ces croisements de sentiers n’est pas comme les autres. Aux pieds des grands chênes, des parterres offrent des fleurs, des fruits, des légumes. En hiver y poussent les héllébores (dites roses de Noël), au printemps les tulipes, les jonquilles, les camélias, les agapanthes. En été les enfants qui passent picorent tomates cerise, groseilles, fraises des bois et noisettes. Les potirons, les coloquinthes et la rhubarbe y grandissent, et font le bonheur des passants. Quel magicien, quelle bonne fée, ont planté là ce jardin de Cocagne ?

Il y a 10 ans, monsieur et madame Felber quittent maison, potager et jardin devenus trop grands pour eux. Ils viennent habiter le Bois de Carcé. Derrière leur nouvelle maison, le croisement des chemins est plein de ronces ; on n’y passe plus. Agé de 80 ans, Frédéric Felber coupe l’herbe, débroussaille, dégage les lierres qui grimpent aux arbres. Il répand les coupes et les tontes sur la terre pour l’enrichir. Aujourd’hui les vers de terre foisonnent dans le sol.

« On a fait du Pierre Rahbi », dit Liliane, « C’est comme ça qu’on appelle la permaculture ». « Je fais les plants, et tout ce que Frédéric ne plante pas chez nous, il le met dehors ». « Nous on ne récolte pas : on a assez dans notre potager ».

Et ils plantent fleurs, arbustes, pêcher et quetschier qui donnent chaque année, parfois des salades. Rien n’est traité, sauf le pêcher contre la « cloque ».

Quelqu‘un vient : « Est ce qu’on pourrait avoir un peu de ces plants sur la bordure ? ». « Mais bien sûr ! Allez-y, emportez ! ». Les voisins viennent chercher légumes ou fruits, ou plants de fleurs selon la saison. La jeune génération est intéressée : en rentrant du collège, parfois les écoliers interrogent les nonagénaires : comment on plante ? Quelle est cette fleur sur un potiron ? « On leur explique les fleurs femelles qui font le fruit et les fleurs mâle avec leur pistil ». La pédagogie ici, c’est montrer « la patience de faire pousser ».

Sur la pelouse aux beaux jours, un voisin bénévole dispense ses cours de Tai-Chi aux habitants. Plus loin dans le quartier, il y a des ruches, quelqu’un fait du miel. Ici on a su reconstituer un bout de vie de village, un vrai vivre ensemble, sans tambour ni trompettes.

Jean Boutin, conseillé délégué à la transition écologique et à l’implication citoyenne

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