La petite ville de Bruz comprend 2800 habitants à la veille du bombardement du 8 mai 1944. Presque minuit, les avions de la royal air force visent un dépôt de munitions et Bombardent par erreur le centre-ville, engageant un bilan humain désastreux.

Un bilan effroyable

  • 183 morts, dont 51 enfants
  • 300 blessés
  • 600 sinistrés
  • 860 points de chute de bombes sur 1km de distance à partir du clocher (mairie, église, écoles, habitations…)

Commémoration des 80 ans du bombardement du 8 mai 1944

La date du 8 mai 2024 marquera les 80 ans du bombardement du centre-ville de Bruz. Plusieurs événements seront organisés à Bruz.

  • Du 12 au 20 avril, 6 et 7 mai 2024 : Exposition autour des 80 ans du bombardement
  • Mercredi 8 mai 2024 :
    • 10h30 : Cérémonie d’hommage aux morts. Parc de la Herverie
    • 15h : Cérémonie des 80 ans du bombardement et des 25 ans et du 2ème RMAT
  • Samedi 25 mai à 15h30 à la Médiathèque : Rencontre littéraire avec Elie Treese autour de son livre « La route de Suwon », qui évoque l’histoire de son grand-père bruzois, Guy Mallon, héros de la résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Retrouvez le déroulé de la commémoration des 80 ans du bombardement du 8 mai 1944 sur le site internet de la ville de Bruz.

Témoignage de la nuit du bombardement

23h45, les sirènes grondent. À 2 minutes d’intervalle, deux salves se succèdent. Les bombes anéantissent la ville en 25 minutes. Les Bruzois partent à la recherche de leurs proches, d’autres courent aux abris.

Jean-Yves Connen avait 8 ans et demi et le bombardement du 8 mai 1944 est resté gravé dans sa mémoire. Dès lors que le bombardement a commencé, il est réveillé brutalement par le bruit des bombes qui tombent autour de sa maison où il habite avec sa famille.

« Mon père m’a sorti de mon lit, et on s’est réfugié sous le lit des parents. Ma mère était partie dans une autre chambre chercher mes soeurs ».

Après une accalmie, ils sont sortis de leurs abris et ont essayé de rejoindre le jardin malgré la toiture et l’escalier démolis.

« Tout d’un coup ça a recommencé, alors on s’est réfugié dans le coin le mieux protégé de la cave, sans savoir ce que devenait ma mère et mes soeurs qui elles à ce moment-là étaient loin de la maison et sont restées dans un fossé […]. Pour ma part, cette 2ème partie du bombardement qui a duré assez longtemps aussi, a été la plus pénible […] Quand le calme est revenu, bien entendu on est ressorti et là ça a été très différent. C’est là qu’on a découvert toute l’horreur de ce qui se passait tout autour de nous. Quand nous nous sommes retrouvés dans le jardin, le spectacle si on peut employer ce mot-là était des plus impressionnants car tout le bourg était en feu. On ne voyait que des flammes partout, partout, dans tous les coins, et on entendait les cris des gens. Le plus pénible c’était de voir des maisons en feu où on voyait des ombres qui bougeaient dedans ».

Jean-Yves Connen, rescapé du bombardement du 8 mai 1944

Les sauvetages s’organisent et la solidarité s’installe

Les gens des campagnes avoisinantes accourent les premiers, au secours de leurs parents et amis. Le docteur Francis Joly, fils du maire François Joly victime du bombardement, mis au courant de la situation s’empresse de téléphoner à plusieurs hôpitaux et médecins de Rennes.

Les pompiers de Chartres se hâtent de rejoindre la zone du drame. Unis aux pompiers de Rennes et de Guichen, ils pompent l’eau du Pont St Armel pour éteindre les flammes et des draps sont sortis des maisons environnantes pour étouffer le feu.

En l’absence de rues, les ambulances ne peuvent pas avancer plus loin que le presbytère. Aussi, tous les blessés y sont amenés pour recevoir les premiers soins avant d’être conduits vers les hôpitaux de Rennes. Le sauvetage a duré plusieurs jours, la population et les médecins ont travaillé sans cesse, comptant sur l’hospitalité des fermes voisines.

La Croix Rouge accueille les familles en deuil dans une chapelle provisoire à Chartres. C’est le mercredi 10 mai que les premières obsèques des victimes ont lieu.

Des gens de Bruz et des bourgs environnants se sont mobilisés pour faire des collectes de vêtements et de nourriture et pour offrir un toit à ceux qui l’ont perdu.

« Tout tremble d’une façon désordonnée. On dirait que les pierres, les débris de toutes sortes, traversent et retraversent sans cesse le couloir comme s’ils étaient enlevés et ramenés par quelque balayeur géant… Le ciel est tout rouge, tout craque, tout s’écrase. D’énormes blocs de terre, de pierre, des éclats de bombes, tombent comme grêle…

La tête résonne comme un tambour et semble près d’éclater ; les muscles se rétractent, le cœur affolé saute, s’arrête, repart dans une gigue invraisemblable, tout cela accentué encore par l’absorption à pleine bouche, à pleins poumons, d’une poussière épaisse et d’une fumée âcre qui suffoquent, dessèchent et brûlent la gorge ».

Extrait de Bruz, la martyre

– Abbé Monfort-Huet, 1948

Pour en savoir plus sur le bombardement du 8 mai 1944 :